Lettre ouverte à notre ex-camarade de ArcelorMittal Florange Frédéric Weber après son annonce de rejoindre le RN

Rédigé le 19/04/2023
FO Saint-Gobain PAM


Chère ex-camarade, nous avons passé plusieurs années côte à côte, nous avons été ensemble dans de nombreux combats pour la justice sociale, l'émancipation des travailleurs, la sauvegarde de nos emplois et de nos installations industrielles, bastions historiques de la sidérurgie Lorraine. 

Après 17 ans à œuvrer dans ces nobles combats, tu as décidé il y a quelques jours de raccrocher les gants. C'est ton choix et nous le respectons. Tu as fait savoir par voix de presse que tu voulais te consacrer à la politique. La surprise est venue une nouvelle fois par voix de presse où tu as annoncé rejoindre le Rassemblement National bras dessus bras dessous avec Laurent Jacobelli. Notre proximité et notre amitié passé nous permet de te donner notre réaction à cette annonce. Tu connais notre engagement naturel en tant que syndicalistes à FO PAM contre l'idéologie que porte l'extrême-droite aux antipodes des valeurs portées par notre organisation syndicale libre et indépendante des partis politiques quels qu'ils soient, et nous ne te cachons pas que c'est avec une immense tristesse que nous avons reçu la nouvelle.

Comment toi, l'homme de raison, celui qui s'est battu en faveur d'une idéologie de justice sociale as-tu perdu la raison au point de rejoindre les pires ennemis du syndicalisme, des travailleurs et du progrès social ? Comment as-tu pu avec l'intelligence que l'on te connaît te faire berner par le miroir aux alouettes qui voudrait laisser croire que l'extrême-droite aurait délaissé les idées réactionnaires, rétrogrades, antisociales et discriminantes qui sont toujours les siennes ?

Selon toi, le syndicalisme ne servirait plus à rien ? Mais n'est il pas à l'origine de la situation de blocage dans laquelle se trouve l'exécutif aujourd'hui ? Qu'ont fait tes nouveaux amis dans cette bataille contre la réforme des retraites ? Rien et pour cause. Ne t'y trompe pas, la lutte contre la réforme des retraites, c'est aussi une lutte contre les idées d'extrême-droite.

Les jours heureux, voilà l'appellation donnée au programme social du Conseil National de la Résistance, mais peu se souviennent quelle philosophie était portée par le CNR et il semblerait que tu l'ais toi même oublié. À l'issue de la crise de 1929 issue des excès du capitalisme, la misère sociale s'est répandue partout en Europe et c'est dans cette misère que la bête immonde a fait son lit en désignant de manière simpliste des bouc émissaires aux maux de la société qui a amené le NSDAP à la tête de l'Allemagne et la suite que l'on connait. Après la seconde guerre mondiale, le CNR avait une idée simple en créant la sécurité sociale dont la retraite est un pant, avec en point d'orgue de cet amortisseur social contre la misère, "plus jamais ça" !

Comme dans les années 30, quand le sage montre le capitalisme et ses excès comme responsable de la misère sociale, l'idiot regarde le prétendu judeo-bolchevick ou aujourd'hui dans son appellation contemporaine le prétendu islamo-gauchiste. Emmanuel Macron dans son obstination à déconstruire pied à pied cet héritage du Conseil National de la Résistance qu'est la Sécurité Sociale, est à l'œuvre pour paver une autoroute à la bête immonde.

À celles et ceux qui comme toi penseraient que l'extrême-droite est une alternative au capitalisme fou et débridé, il leur faut regarder l'histoire pour ne pas commettre les mêmes erreurs que dans les années 30. Ils comprendront aisément que capitalisme et extrême-droite sont les deux faces d'une même pièce. L'extrême droite, de tout temps, n'est que le masque du capitalisme quand celui-ci vacille comme aujourd'hui.

Oui lutter en faveur de cet héritage social que nous a laissé le CNR batti sur les ruines des horreurs de l'extrême-droite durant la seconde guerre mondiale, c'est lutter avec une évidence naturel contre cette même extrême-droite qui surfe sur la misère sociale et la politique antisocial menée par Emmanuel Macron au profit des plus fortunés. Et non l'extrême droite pour les syndicalistes que nous sommes ne sera jamais, et plus que n'importe quelle idéologie un allié dans la lutte en faveur des travailleurs et de la justice sociale.

Nous ne te donnons donc pas rendez-vous le 1er mai prochain pour la journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs, tu seras à notre grande tristesse certainement en train de fêter la fête du travail et de la concorde sociale sous Jeanne d'Arc. À cette vitrine qui t'a charmée nous te laissons désormais à ton choix et à la visite des obscures et nauséabondes coulisses et à l'héritage dégueulasse qu'elle porte.

Nous nous permettrons un dernier mot de raison.

Rejoindre Marine Lepen pour échapper à Emmanuel Macron c'est comme bouffer du laxatif parce que l'on a choppé la diarrhée.